Un chirurgien à New York - Abdelkarim Belkassem - E-Book

Un chirurgien à New York E-Book

Abdelkarim Belkassem

0,0

Beschreibung

Mark trouvera-t-il la bague de Salomon avant les services secrets américains et les agents d'Israël ?

Mark, des services secrets américains et des agents israéliens se font concurrence pour trouver la mythique bague de Salomon. Parviendront-ils à éliminer leur ennemi commun lors d’opérations incisives ?
Une aventure à rebondissements entre New York et Dubaï. Du suspense et des courses effrénées.

Découvrez une aventure policière au suspense intense, parsemée d'obstacles et d'ennemis, entre New York et Dubaï !

EXTRAIT

Mark le fixe, yeux dans les yeux avant d’avancer. Il y sera obligé, il ne peut faire autrement. Une situation nouvelle pour lui qui n’est jamais tombé dans un piège. Un jour ou un autre, ce sera le risque du métier.
— Vous êtes quelqu’un que je respecte, Mark ! dit l’inconnu.
— Il me connaît, comment et depuis quand ? se dit Mark.
— Si vous le dîtes, je vous crois ! répond-il.
Il comprend que l’homme veut négocier avec lui. S’il prend son temps, cela veut dire qu’il n’a pas intérêt à le tuer. Chaque minute gagnée, c’est une chance de s’en sortir vivant.
— Je ne te connais pas mais je suis prêt à t’écouter pour savoir ce que tu veux de moi, poursuit Mark.
— Pas de problème on a, toi et moi, tout le temps qu’il faut pour négocier. Ta mort ne m’intéresse pas et d’après mes connaissances tu es quelqu’un de parole. Je sais aussi, combien tu es intraitable pour divulguer des données de tes dossiers chirurgicaux.
— Chirurgicaux ? pense Mark. Il est de la boîte. C’est donc un agent américain ? Mes chefs l’ont engagé ? J’espère que tout cela n’est pas un jeu pour évaluer si je suis encore apte pour des opérations !
Il se trompe, il n’est ni de sa cellule ni de rien du tout. Il appartient à un groupe d’agents du Bahreïn. Un agent du Mossad qui traite des dossiers internationaux. Un homme qui vise le gain, celui qui paie le plus.
Mark est contraint de s’asseoir devant son adversaire, les mains liées, et attaché à sa chaise avant l’interrogatoire.
Il ne peut pas s’opposer. Un signe de rébellion et il sera assommé. Le calme de son adversaire et les corps athlétiques des accompagnateurs ne laissent rien présager de bon. S’il s’en sort, ce sera un miracle.
— Le sujet de notre présence, c’est le dossier chirurgical que tu possèdes. Remets-nous tous les documents ! C’est une affaire qui parle beaucoup à mes patrons et je suis prêt à verser la somme qu’il faut pour le récupérer ! dit l’inconnu.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1963 à Safi au Maroc, Abdelkarim Belkassem est professeur de littérature et vit en France. Membre de la Société des Gens de Lettres (SGDL) et de l’Association des Écrivains Combattants (AEC) à Paris, son écriture qu’il décline au travers de différents styles, policier, roman, récit est un pont entre ses deux cultures. Il ajoute à la littérature une passion pour la musique puisqu’il est à la fois joueur d’oud et chanteur dans une formation musicale arabo-andalouse.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 351

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Abdelkarim Belkassem

Un chirurgien à New York

Roman

© Lys Bleu Éditions – Abdelkarim Belkassem

ISBN : 978-2-85113-769-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Dans une grande maison de la rue Roosevelt, un quartier huppé et calme, le téléphone sonne dans le vide durant plus de dix minutes avant que Mark ne décroche. À moitié nu, il répond d’une voix tremblante qui hache les mots. On dirait qu’il souffre d’une attaque cérébrale et qu’il a perdu le contrôle de sa voix !

— Allo ! Allo !

Personne ne répond.

Il recommence avant de couper car il attend des appels importants d’un homme d’État et il ne veut pas le manquer à cause d’un jeu d’enfant ou de celui d’une femme qui s’est trompée de numéro ou de celui qui n’a rien à faire d’autre que de déranger les gens dans leur sommeil.

Les médias en parlent et il arrive bien des mésaventures avec ces appels provoqués pour déstabiliser et importuner.

Une mafia veut-elle créer la polémique dans les États ? Des jeunes se prennent-ils pour des génies après avoir passé une nuit blanche à boire et à fumer du cannabis ?

Tous les diables de Manhattan soufflent dans la tête de Mark. Ses oreilles entendent le vacarme, un train de 1880, à New York. Celui des films de cowboys dans une immense forêt, celui qui voyage autour des sites touristiques pour amuser les promeneurs et leur jouer les débuts des États-Unis d’Amérique.

En 2018, ces États ont beaucoup progressé. Les fils des gardiens de vaches n’amusent plus les Américains. Ils survivent, aujourd’hui, comme ceux qui vivent dans les pays en voie de développement ou qui ont grandi avec les rêves d’Hollywood en 1970.

— Allo ! Allo ! réponds-moi ou ne fais plus ce jeu de connard ! explose Mark. Je suis capable de beaucoup de choses. N’oublie pas que tu composes un numéro de police. On te voit, sale con ou sale conne. Dans quelques minutes, je serai chez toi, putain !

L’énervement de Mark est poussé à bout, avec les affaires de son travail. Sa société va très mal et il se prépare à agir en plus de son job pour subvenir à ses besoins, sinon, il sera SDF, comme ses collègues du bataillon 5874 qui a fait parler de lui pendant la guerre au Moyen-Orient.

Dans chaque rue de New York, un Américain surveille son quartier et le protège pour gagner trois sous. Dès qu’il encaisse deux dollars, il part manger au restaurant de kebab.

On peut dire que les migrants turcs ont sauvé l’Amérique avec leurs recettes bon marché.

Mark est honteux quand il voit ses camarades d’armes dans ces situations. Il ne leur manque pas seulement le pain mais aussi la drogue.

Quand on vit ici, comme dans n’importe quel état, on ne peut pas s’y soustraire, détourner la tête, éviter l’héroïne ou la cocaïne. Le cannabis marocain ne sert à rien pas plus que le kif du Rif !

Personne ne connaît ces êtres en perdition. Le secret-défense leur coupe la langue et leur passé les hante. Ils se croient punis par la nature ou la force divine après avoir assassiné en nombre.

Qui prouve que les morts sur une scène de guerre sont criminels ? Les soldats sont des victimes comme les civils dans une guerre injuste. Ceux qui imposent les conflits armés sont les politiciens, guidés par les hommes d’affaires, les milliardaires du monde.

On ne sait pas si la guerre est instrumentalisée par les Américains ou par les Soviets, peut – être par un frère ennemi des Afghans ou des Iraniens !

Le monde est comme une toile d’araignée et les soldats sont la face connue du jeu. Le monde lui-même est un échiquier. Dans les temps anciens, l’empereur romain ordonnait pour qu’on mette à mort. C’est démodé maintenant, on ne sait plus qui commande.

Ni l’empereur ni le tireur ! Tout arrive du septième ciel. On croit que le divin envoie sa colère !

— Qui sait ?

Peut-être que c’est la fin du monde

Une bombe, un astéroïde, tout est possible.

Mark est posté près de son téléphone. Il crie et de plus en plus fort. Cela le soulage. Un moment où il peut parler. Depuis son divorce, il ne communique plus. Il vit en silence, seul dans son appartement au cinquième étage.

— Allo chéri ! répond la voix douce d’une femme. C’est Susan.

— Qui ? Qui ? Mais pourquoi m’as-tu laissé crier quinze minutes, demande-t-il enragé.

C’est l’occasion qu’il attend pour se venger de son ex-femme.

— Non, j’ai composé ton numéro et j’ai vu que de l’eau coulait dans mon appartement. J’ai oublié de fermer le robinet de la salle de bain. Je suis submergée, on croirait un tsunami.

— Ce n’est pas pour ça que tu m’appelles ! Téléphone aux pompiers et au 911. C’est fini la lune de miel et depuis très longtemps.

— Tu te réveilles tout juste et tu crois qu’on est encore ensemble ou quoi. Que t’arrive-t-il ? Tu as perdu la mémoire ?

— Attends et continue mais ne m’appelle plus chéri. Je ne le suis plus depuis longtemps. Et ça ne me porte pas chance. Dès qu’une ex m’appelle chéri, j’attends une catastrophe. Celle que je subis en ce moment me suffit. Je suis par terre.

— Mark, c’est sérieux. Laisse-moi en placer une, s’il te plaît. Ce n’est pas pour moi que je téléphone. Tu as perdu la mémoire et tu vis comme un célibataire sans enfant. C’est le jeu des soldats en Irak. C’est ce qui t’a fait perdre la partie. Ce n’est pas moi ! Pigé ?

Mark pose sa main sur le micro du téléphone pour que sa femme ne l’entende pas.

— Connasse, ferme ta gueule de chien, elle ne me porte pas chance. Je suis sûr que cette journée sera merdique si je prends mon café sur ses jérémiades. Elle n’a rien compris de la vie. Toujours dans les limbes alors que ses fesses sont dans la tornade. Noyées comme un poisson !

— Allo, Mark ! Es-tu là ?

— J’ai besoin de calmer ma colère. Le choc de l’appel m’a énervé et je n’ai pas besoin de ça. J’attends un appel urgent de mon patron et c’est ce que j’ai cru quand j’ai décroché. Rapidement, dis-moi ce qui me vaut l’honneur de ton coup de fil si matinal ?

— C’est l’anniversaire de notre fils et j’ai prévu une petite balade dans la ville du futur. C’est une surprise dont je ne lui ai pas parlé. Je voulais en convenir avec toi d’abord.

Un silence… Mark est parti très loin dans ses pensées. Il a de bons et de mauvais souvenirs avec elle.

Commençons par le bon, alors qu’ils étaient ensemble, Susan et lui, dans un des restaurants du cinquantième étage. Il y a appris que leur premier enfant s’annonçait.

Susan avait fait un test de grossesse car elle se sentait différente dans son corps depuis deux ou trois mois. Elle ne s’en était pas tout de suite rendu compte et Mark participait à une mission hors des États-Unis. Dans un lieu dont il ne pouvait révéler le nom ni parler de son propre rôle, comme d’habitude. C’était il y a moins de vingt ans.

Des jours heureux pleins de rêves que cette vie entre elle et lui. La jeunesse, la vitalité, la bohème…

Mais peu importe. Mark n’est pas un idiot, c’est quelqu’un qui sait tout faire. Un passe – partout, comme le nomment ses collègues de travail. Susan ne comprend pas la moitié de leurs symboles et les sens des phrases, quand ils se mettent à parler de leurs expériences du passé, de la guerre en Irak et en Afghanistan.

On ne peut pas tout savoir de cette guerre.

Les gens ne sont que des machines qui répondent à des ordres éloignés. Bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer.

Cette guerre arrivée de partout comme la mort, on ne la voit pas et ceux qui la subissent ne sentent plus rien. On ne retrouve rien d’eux. Juste de la terre revenue à la terre. À peine de la fumée, quand Mark et ses amis opèrent au plus près pour trouver des survivants.

Même maintenant ils sont en contact avec la base militaire et avec les opérateurs, grosses têtes du Pentagone.

La plupart du temps, Mark commande. Les troupes arrivent et repartent par le ciel. Ils ne se posent sur terre qu’un moment quand c’est nécessaire. Ils sont comme l’éclair aussi soudains. C’est d’ailleurs le nom de leur compagnie militaire, « Alpha Eclair ».

La place est aussi un mauvais souvenir car c’était le lieu de séparation.

Quand les hommes ont besoin de se serrer les coudes pour construire un nid plus solide, qui convienne à l’arrivée des enfants, qui soudera la relation au quotidien, Mark et Susan, eux, se quittaient pour vivre chacun là où leurs moyens le leur permettaient.

La vie de New York n’est plus ce qu’elle était. C’est devenu la ville des milliardaires. Les nationalités et les langues s’y sont multipliées.

On rencontre plus d’Asiatiques que d’Américains de souche par exemple. Ceux d’origine.

Si ce n’était pas pour son fils et un peu d’amour que Mark ressent pour son ex, il quitterait New York, pour une île isolée, loin du bruit des hélicoptères qui déchirent le ciel de la mégapole, jour et nuit.

On n’y vit plus tranquille et sans cesse les gens courent derrière l’argent. Pour quoi faire ? On ne sait pas ! Il n’y a pas de réponse.

On ne dort pas, on se repose pas, à quoi cela sert de posséder des milliards et des milliards entassés dans les banques ?On ne sait plus où est sa fortune. Avant on possédait quelques billets, on en faisait un coussin pour se réchauffer le siège. À le regarder, on sentait déjà une intense chaleur et on se prenait pour le plus riche du monde.

Maintenant, il faut solliciter la banque pour débloquer nos économies et attendre, des jours et des jours avant d’obtenir son argent.

A-t-on besoin de cet argent pour vivre, sans l’avoir dans la poche ? Il faut toujours se bouger, pour être d’en avoir assez. À soixante-dix ans, on travaille encore, comme un jeune de vingt ans.

Les gens se suicident par dignité pour ne pas terminer leur vie en étant très démunis.

— Chéri ! Tu es là ? Je ne t’entends pas. Ce n’est pas dans tes habitudes, le bavard ! Qui dit toujours plus qu’il faut et te fait rater beaucoup de choses ...

— Arrête ta merde !

Il sait que Susan est une femme rapide dans ses mots, pour influencer son interlocuteur et le pousser dans sa direction. Quand elle aime quelque chose, cela devient sa possession, comme le jouet d’un enfant. Cela lui reste de sa jeunesse, ce comportement puéril. Et il aime ce tempérament. Elle est ainsi plus joyeuse. Elle est folle mais enjouée !

Mark avait accepté la situation lorsqu’il n’avait pas de quoi la rendre heureuse. Surtout quand il était en mission extérieure.

Susan est adulée grâce à son humour. Des amies se pressent autour d’elle pour rire ensemble mais dès que son deuxième visage apparaît, ceux qu’elle rejette vivent l’enfer avant de comprendre quelles erreurs elles ont commises pour mériter des sanctions.

— Je t’ai dit de ne plus m’appeler chéri ! Ce mot-là me porte malchance. Dès qu’on l’utilise, il se passe une catastrophe. C’est un terme de malheur pour moi. Et nous ne sommes plus ensemble, souviens-toi. Est-ce un piège pour m’obliger à payer plus pour que tu mènes la belle vie ?

— Arrête je ne t’ai rien demandé, Mark. Pour ton fils pas pour moi. Il faut qu’il se sente comme les jeunes de son âge. Fier d’être dans cette vie, accompagné des piliers qui l’ont construit. Tu n’as pas d’autre responsabilité, tu vis seul, célibataire, comme un oiseau sur la branche. Ton travail assure tes vieux jours.

— Pas par ce temps de crise ! J’attends un appel de mon chef. Je ne sais pas ce qu’il va me proposer, c’est pour ça que tu me sens inquiet.

— Toi et l’inquiétude, Mark, sont deux choses bien distinctes. Je te connais et j’ai suffisamment vécu avec toi pour te connaître. Surtout pour ton travail. Tu es toujours partant, même pour une mission vers le soleil brûlant. Rien ne te fait changer d’avis.

— Pas ces jours-ci. Les choses ont changé et le monde tremble pour son avenir. On ne peut plus y vivre tranquille, ou peut-être à New York !

— De quoi as-tu peur, dis-le-moi vite. Tu m’inquiètes pour les enfants.

— De la quatrième Avenue et surtout le numéro 3113. Ce n’est pas le numéro du bâtiment que tu as choisi pour l’anniversaire ?

— Ah, je ne sais plus. Je n’ai jamais réfléchi au numéro. Pourquoi cela te rend-il tellement soucieux ? C’est vrai qu’on n’utilise plus ce numéro.

— Il a été changé mais il reste dans l’histoire. C’est une vieille affaire qui ne te concerne pas, dit Mark d’une voix triste et tremblante.

C’est la première fois de leur vie commune que Susan entend la peur chez son compagnon. Elle a un pincement au cœur, par crainte de le perdre. Il est pervers quand il se met en colère, comme le pense chaque femme de son compagnon de vie, mais elle ne veut pas qu’il lui arrive malheur. C’est son bras droit pour sécuriser la vie et la santé de ses enfants leur fils et sa fille d’un premier mariage.

Mark ne fait pas de différence entre les deux. Il traite la fille comme la sienne selon la promesse qu’il avait faite à Susan pour le meilleur et pour le pire. Malgré leur séparation, Suzan peut compter sur lui. C’est ce qui est le plus beau chez lui. La vie de ses enfants et de Suzan et leur bonheur sont garantis par la présence de Mark.

Cela l’a poussé à renoncer à une autre femme. Il « voyage » entre des aventures d’une nuit, son travail et ses missions à l’étranger et cela lui convient bien dans son célibat.

Parfois, il est satisfait que Susan vive loin de lui avec les enfants. C’est une sécurité de plus pour eux, loin des affaires sensibles qu’il traite de temps en temps. Proches de lui, ils seraient en danger.

Mark ne parle jamais de ses enfants et encore moins de son mariage. Seuls ses amis d’enfance et sa hiérarchie sont informés de ses liens familiaux.

Il croit avoir enterré le passé… Ce qui était noir dans sa vie avant de rencontrer Susan. Surtout ce numéro 3113.

Ce fut un drame pour lui, un cauchemar qui le harcelait de mauvais souvenirs. Le passé mais comment peut-on effacer les souvenirs d’un coup d’éponge ou encore le nettoyer comme on lave les vitres pour y voir plus clair.

Les taches sont incrustées à jamais, Mark l’a compris depuis très longtemps. Il était satisfait d’apprendre dans le journal Time New York que ce numéro serait démoli et remplacé par un gratte-ciel défiant le monde moderne des États-Unis et marquant une nouvelle ère dans l’architecture.

New York, symbole du monde moderne, libre, heureux, lumineux, multiculturel…

On ne peut pas éviter cette ville et la détester. Sa modernité et sa civilisation de diables vivant dans ses cages modernes comme des rats de laboratoire.

C’est le monde de l’Amérique du vingt et unième siècle. Un grand écart entre 1880 et même le temps des premiers indigènes, les indiens.

Parfois, Mark apprécie les souvenirs antérieurs au numéro 3113. Et même plus que ça ! Parfois, il souhaite, périodiquement, effacer sa vie, sa génération et laisser le temps s’écouler sans incident. L’homme a-t-il le pouvoir de changer le destin ?

En fait, on n’est pas libre. La liberté n’est que dans l’imagination. On suit le parcours, comme un fleuve. Obligé de s’écouler, de pénétrer dans les fissures et les vides.

On ne s’en rend pas compte en plein courant. Eau soi-même ! On voit le réel quand on se lâche et se dégage du flou pour être à la hauteur où voir la réalité des choses.

Quand on regarde New York en étant dans son ventre, sur ses routes ou dans les cages de ses buildings, on ne le visualise pas de la même façon que si on le survolait. Les hommes, telles des fourmis de notre imaginaire, aucune trajectoire visuelle sensée. Constat de Mark dès son premier survol de la grande pomme.

Regarder du ciel modifie toute notre vision de la terre. En bas le mouvement et les cris de stress et là-haut, le silence et la mort.

Une autre dimension, un autre temps, celui des rayons du soleil. Le mouvement du ciel, des étoiles, des galaxies. Des lumières qui apparaissent et disparaissent comme les vies humaines à New York. On aimerait rester dans l’autre monde. Se laisser porter par le courant vers les astres dans un rêve éternel.

Maintenant, l’homme n’a plus de valeur. Pas plus les immeubles que les sentiments et les projets. Rien ne vaut plus la peine. Rien n’a de poids devant la grandeur de l’atmosphère. Là-haut, tout est éternel.

New York n’est qu’un point aux yeux du monde. On n’y entend pas les échos des douleurs du monde moderne ni les gémissements du malheur.

L’homme porte en lui la souffrance de son passé. Elle n’existe pas ailleurs, c’est un mirage qui résonne par clichés dans le cerveau des hommes, et ses lumières n’ont aucune valeur devant celles du firmament ! New York est une ville dans les nuages. Les bras célestes l’emportent de plus en plus haut. Comme la vapeur des eaux des océans. On vit dans une utopie sans limites. On vole vers des univers vastes et sans fin. Le temps n’est plus, c’est comme la mort. On vibre avec le mouvement de ce rocher terrestre aux yeux fermés, entouré des bras des vagues et embrassé par la bouche du ciel. Seuls au monde et personne avec nous. Quel monde d’égoïsme !

— Arrête, Mark. Tu ne vas pas jouer le sorcier ou le chamane, nous ne sommes plus au temps des natifs dans les monts du Nevada. C’est fini ! Pourquoi t’attaches-tu autant à tes songes ? Pourquoi bousilles-tu tes meilleurs moments en ressassant au passé ? Les villages d’Indiens n’existent plus à part ceux des réserves. Ceux qu’on isole, et eux-mêmes en ont assez de vivre de façon primitive, nus en plein désert ou dans une forêt qui n’existe que dans la tête des fous. Réveille-toi, avant qu’il ne soit trop tard. Tes enfants grandissent et tu perds ces moments précieux sans en profiter. Ils ont besoin de toi, vivant. Tu n’as plus le droit de rêver, mon cher. Tu n’es pas seul au monde, même si tu le penses par manque d’altruisme. Tu es vendu pour la vie de tes enfants, depuis la naissance du premier.

Mark est resté silencieux devant la colère de Susan. Ce n’est pas la première fois qu’elle lui fait le cirque et ce ne sera pas la dernière, car il est attaché à elle et à sa progéniture, son fils et sa fille de cœur. Quand il est courroucé, il s’échappe. Elle pense que ses enfants ont besoin de lui alors qu’il gâcherait sa vie et se suiciderait avec cette aliénée. Voilà à quoi il pense quand il la voit en transe avec ses cheveux hérissés, quand elle veut démontrer qu’elle une femme libre et moderne qui ne cède pas à son mari. L’homme moderne n’a plus de neurone, pense Mark. Il n’entend que les producteurs d’émissions de télé. Pourtant ce qui est présenté n’est que mensonge. La vérité est cachée au-delà des mannequins ou des reines de beauté qui viennent s’exposer devant les caméras.

S’il y en a un qui vit la réalité, c’est lui. On peut pourtant y ajouter ceux qui lui donnent les ordres.

La vérité est entre les mains des services secrets surtout celui de la cellule de la mort, une main exécutive et deux donneurs d’ordre. Personne ne connaît leurs noms ni leurs domiciles sauf le plus haut commandant américain.

On ne sait même pas s’ils sont morts ou vifs. Leurs identités changent très fréquemment ainsi que leurs lieux d’habitation.

Mark est un pseudonyme et une image connus de Susan. Le vrai nom de son mari est secret et quand il opère, il devient un autre individu, anonyme et sans affects. La mort fait partie de son quotidien et on ne peut pas survivre dans la guerre, si on est un enfant de chœur.

Mark croit ses patrons et s’exécute sans poser de question. Sans morale, sans réflexion, comme une machine.

Et si l’homme n’était qu’un robot ?

— Voilà ! Donc, il est mutique comme à son habitude ! constate Susan.

Mark, sans une goutte de sang dans le visage, blême, comme s’il venait de commettre un crime ou voir le visage de la grande faucheuse. Yeux grand ouverts, l’esprit ailleurs.

Ses oreilles sont closes pour ne pas entendre les insultes. S’il était présent, comme Susan le souhaite, elle ne serait plus là, elle perdrait la vie dès la première injure. C’est la réaction systématique pour celui qui ose provoquer le chirurgien du New York ! Mais encore faut-il le savoir. C’est un secret caché au plus profond de la terre et même la torture de la mort n’arracherait rien à cette personne-machine.

— Que dis-tu, Susan ? répond Mark qui sourit jaune. Tu n’as pas changé et je te reconnais à chaque réaction dès qu’on te provoque. Parfois même, sans raison, ta façon de soulager tes colères. T’inquiète pas, je te comprends et tant que ça te fait du bien, j’en suis heureux car je n’aime pas le conflit avec toi. J’ai décidé de vivre loin de mes enfants pour te laisser en paix.

La petite dame se trouve piégée ! Elle n’a pas réussi à cracher le morceau et connaître la vérité que cache Mark. Il lui en faut plus que ça pour qu’il parle.

Et qui le fera parler ? Pas la pleurnicheuse Susan qui règle ses problèmes avec des larmes. Déçue, elle garde son calme, à tel point que Mark croit qu’elle a coupé la communication. Il aimerait bien arrêter cette conversation qui a duré vingt ans et la séparation n’a rien fait pour éteindre les souffrances. Les mots de la vengeance entre Susan et Mark sont là. À chaque fois qu’ils discutent, que des reproches. Pas un mot d’amour ou de respect entre eux. « Tu n’as pas fait ou tu ne fais pas bien ». Ces remarques ne font que raviver les plaies et les éloigner l’un de l’autre. Et pourtant, quand ils se parlent, c’est uniquement pour les enfants. Parfois, Mark aurait souhaité qu’il n’y ait pas eu de relation ni d’enfants avec Susan, malgré son amour pour son fils. Pour ne plus entendre la voix de son ex-femme, il condamne son fils.

C’est fou mais c’est la réaction qui se révèle à lui. Il est resté muet, pour ne pas regretter un mot malheureux. Réfléchir mille fois car on ne peut faire marche arrière et retourner dans le passé, même si on donnait notre vie pour ça.

Le téléphone sonne.

— Une minute, Susan !

Il répond sur son portable croyant que c’est l’appel qu’il attend de son patron.

— Bonjour, Papa, c’est Mary.

Mark reste silencieux. Il veut se calmer car l’affaire dont il attend les consignes est très grave. C’est une histoire de vie ou de mort et il faut s’y préparer émotionnellement, même après des années d’exercice dans les services secrets et militaires.

Un humain reste un humain, même quand sa main donne la mort sans état d’âme, froidement, à l’innocent comme au coupable. Contre celui qui gêne l’Amérique, celui qui menace les Américains, même en étant juste car il faut qu’il meure. On arrête pas un état pour faire la justice ! Pas de morale devant l’intérêt de l’Amérique, c’est le jugement des hommes à la tête du pays.

— Ma chérie, je suis là. J’arrive de la salle de bain. Tu vas bien ?

— Ouiii ! C’est calme. J’ai un moment de libre et j’ai eu envie de te contacter pour que nous déjeunions ensemble. Puisque tu aimes Paris, je t’invite dans un restaurant de sandwiches français qui a ouvert sur la Quatrième Avenue.

Comme c’est bizarre, quelques mots donnent du bonheur, avec leur sincérité alors que d’autres créent du malheur ! pense Mark.

— Avec plaisir, quand ?

— Si tu es libre, ce midi !

— D’accord ! Il sait que si sa fille lui propose un rendez-vous surprise c’est qu’elle a des choses importantes à lui dire et qu’il ne faut pas différer.

— Tu m’envoies l’adresse par message et j’y serai.

Mark retourne parler avec Susan.

— OK pour la fête d’anniversaire de notre fils. Pour le lieu, laisse-moi le temps de réfléchir et je te répondrai dès que j’aurai un moment. Je te laisse, j’ai une urgence.

— Comme d’habitude, tu ne réponds pas aux questions et tu t’évades… Le secret et encore bien gardé mais un jour ou un autre la vérité éclatera, mon chéri !

— Ne me dis plus jamais « mon chéri ». Ce nom me porte la poisse, j’en suis sûr. Évite ça pour notre fils. J’aimerais bien passer un moment heureux avec lui et que cet anniversaire d’adulte devienne un bon souvenir pour lui.

— C’est ce qu’on souhaite ! répond Susan en raccrochant.

Parfois, ce que l’on désire n’est pas ce que souhaite le destin. Surtout à New York. C’est vrai que l’immeuble a changé de numéro mais les démons l’ont-ils quitté ? Je ne veux pas que ce jour devienne un cauchemar qui me hantera tout le reste de ma vie.

J’ai vu beaucoup de souffrance alors cette fois, au moins, que tout soit bonheur ! pense Mark. Pour ma petite famille. Je n’ai qu’eux au monde, je ne veux pas les perdre. La vie ne serait rien sans eux et s’il leur arrivait malheur, ce serait la fin de mon existence. Je les rejoindrai au – delà des nuages.

— Mais pourquoi ai-je cette sensation ? Pourquoi cette angoisse à m’en déchirer le cœur ? J’aimerais bien me tromper, cette fois ! s’écrie Mark. La puissance des mots a jailli malgré lui.

La sonnerie de son portable retentit ! C’est son patron, pas de phrases sentimentales ni familiales. Au service de l’Amérique et de sa grandeur.

— Dans sept jours, le chirurgien opérera. Tu auras le rendez-vous pour la consultation et tu recevras ce qu’il te faut pour l’opération.

— OK, merci pour l’info.

Il ferme son portable et reprend pied dans le réel. Son rendez-vous avec sa fille approche. Onze heures et le nouveau restaurant est loin de trente minutes. Avec les embouteillages, il vaut mieux utiliser un taxi plutôt que la voiture.

Le symbolique taxi jaune est une petite merveille. Un soleil qui réchauffe la ville, même en hiver quand la neige et la glace s’entassent au cœur de Manhattan.

Les taxis voyagent dans la ville comme le sang circule dans son corps. Sans eux, la ville serait inanimée. Une grande évolution entre le New York des chevaux et des charrettes. C’est une ville moderne accrochée encore à ses traditions. De temps en temps, on croise des chariots attelés. C’est le pays des montures et des cowboys, New York. Les vrais, pas les mannequins d’Hollywood !

Quand on compare cette mégapole entre maintenant et il y a deux siècles, on réalise la grandeur de l’homme moderne. C’est vrai qu’il y a eu des sacrifices. Des milliers d’hommes ont péri dans la guerre Nord/Sud pour l’union mais il n’y a pas de grandeur sans cela. Il faut donner pour recevoir et l’Amérique a fait couler le sang de ses enfants. Des jeunes morts pour la liberté et la justice de la nation, pour libérer le monde de l’atrocité humaine.

Partout dans le monde des tombes d’Américains morts pour défendre, on ne peut pas le nier et cela honore le peuple.

Même si l’histoire de cette civilisation n’a que deux cents ans, la grandeur de l’Amérique est un exemple dans le monde actuel. Tous de l’admiration pour cette nation. Tête haute, comme les buildings de New York.

Quand on marche dans les rues, on trouve toujours de nouvelles choses à admirer. On n’en est jamais lassé. Beaucoup de visiteurs étrangers ou américains admirent cette ville cosmopolite. C’est la seule cité que les colons sincèrement eu envie de servir !

Cette contrée a eu la chance d’être peuplée par nos ancêtres. Je vois d’ici les Indiens avec leurs chevaux traverser du Sud vers le Nord et inversement. Sauvages comme ils étaient sauvages, ils resteront ! Ils considèrent que la nature est un dieu vivant qu’il ne faut pas contrarier, même en semant des grains de blé pour faire vivre les hommes.

Et si l’Amérique n’était restée que pour les indigènes ? Que peut-on penser de la civilisation qui la peuple maintenant ? Ils retarderont l’histoire, par leurs idiotes idées. On les voit toujours dans leurs prisons à ciel ouvert, à fumer leurs drogues et à danser les uns autour des autres. Je ne sais pas s’ils contactent les dieux comme ils le prétendent ou s’ils sont hallucinés.

C’est la folie des hommes partout sur la terre. Ils voient la nature en tournant en rond, comme les derviches du Moyen-Orient.

Je ne sais pas ce qu’il m’arriverait si ma cité adorée était afghane. Pourtant les hommes vivaient là-bas avant de s’installer à New York. Des milliers d’années de vie humaine perdues par leurs hallucinations. Si seulement ils parlaient correctement au lieu de vivre dans l’ignorance, même de leurs traditions, telles des petites bêtes bec ouvert comme des oisillons dans leur nid. Ils attendent le bouche-à-bouche pour recevoir de l’air dans leurs poumons.

Quand Marc participait à ses missions en Afghanistan, il appréciait les habitants comme si c’était une sous population. Des ignorants. Inutiles, criminels, qu’il se permettait d’exécuter sans hésitation. Sur scène, il vit comme dans ses rêves américains. Il se voit dans un film. Il joue. La cruauté d’un animal sauvage qui déchire sa proie vivante sans s’en rendre compte.

Pourtant quand il rentre à New York, il change. Il redevient un homme très sensible. Chaque situation de maltraitance qu’il observe sur sa route, au travail ou en promenade en forêt le traumatise. La grande ville n’est pas un zoo comme dans le passé. Chevaux, vaches et humains. Des bêtes qui guident des bêtes.

L’Amérique du futur, c’est cette machine infatigable. Ces robots au service de l’individu moderne. Il n’y a plus de temps ni de lieux loin de la main humaine qui vit à un rythme effréné. L’homme n’est qu’un outil, lui aussi, parmi les autres. L’homme c’est le néant devant la vie pérenne des machines. C’est elle l’éternité sans la mort. C’est elle la vie qui conservera l’Univers et habitera les planètes.

On ne peut pas vivre près de la NASA et souhaiter vivre naturellement, comme ces fous de drogues.

On croit que l’ennemi est éloigné, en oubliant ces yeux qui nous scrutent jour et nuit au plus près de nous. Ils veillent toutes les nuits à la recherche du moment pour nous faire la peau. Ils veulent détruire la civilisation et rendre la terre déserte, infertile.

Ces moments de réflexion c’est l’échappatoire de Mark. Il pourchasse l’ennemi autour de lui. Proche ou lointain.

La plupart du temps, les missions secrètes de Marc sont extérieures aux États-Unis. Son bureau opère dans le monde entier. Il a le droit d’utiliser son arme là où l’intérêt de la nation américaine est en danger. Et sa ville n’est plus comme auparavant. L’ennemi est partout à New York, venus ou payés par des pays ennemis. Surtout dans les rues et sur les routes.

Très intelligent cet agresseur contre les États-Unis. Des matériaux très sophistiqués et la puissance financière. Tout est mis en œuvre pour détruire le pays, pour éradiquer sa population. Les Américains sont méritants, pense Mark.

Il suffit de voir ce qu’ils ont fait de ce bout de terre. Une ville grandiose alors on refuse que quelqu’un la détruise. Notre ennemi a du pouvoir mais les Américains restent des héros éternels, comme les dieux des mythes grecs.

La pensée de Mark s’éloigne et son esprit s’évade parfois quand il songe à l’avenir.

Le matin, déjà, dès qu’il se réveille, il regarde sa montre et il commence à organiser ses rendez-vous. Mais ces jours-ci et encore plus aujourd’hui, ce qui est le plus important, c’est le contact avec son patron pour lui annoncer que le chirurgien opérera bientôt !

C’est le signe de la préparation en cours et il doit y être présent.

Mark n’a jamais raté une mission. Tout ce qu’il touche réussit sauf son union conjugale ! Il n’y arrive pas… Il perd son pouvoir extraterrestre et il devient, l’homme le plus faible du monde près des siens.

Midi moins le quart, le rendez-vous avec sa fille approche. Une douche et vite s’habiller car elle doit être fière de lui. Le plus chic, comme lorsqu’elle était petite et qu’il allait la chercher à l’école devant ses amis. Il était toujours le plus beau et les mères des camarades d’école ouvraient l’œil en le voyant.

— Un beau gosse, son père ! Quel est son emploi ?

Avec ses lunettes de soleil, même les jours gris, les vitres teintées de sa grande Jeep 4 x 4, on imaginait de lui que c’était un grand acteur d’Hollywood, James Bond 007 !

Les femmes ont vraiment une hypersensibilité, elle détecte à la première vue. Si seulement on pouvait leur faire confiance car leurs sentiments envers les hommes ne les trompent pas… Souvent, elles n’en croient pas leurs yeux. C’est vrai que Mark faisait illusion. Même s’il cache ses yeux pour ne pas en montrer la couleur, il ne peut pas masquer son physique, son corps d’un mètre quatre-vingt-quinze et le dessin de ses muscles de géant sportif athlétique. On peut tout imaginer de lui.

Les femmes l’admirent comme un potentiel compagnon de lit. C’est uniquement leur propre fantasme car s’il y a un lieu où Mark ne peut pas séduire c’est à l’école de sa fille ou dans son quartier car il ne veut pas laisser sa trace près de sa famille.

— Mon père est fonctionnaire de l’état.

C’est ce que Mary a le droit de répondre. Mark n’apprécie pas que ses enfants soient de… Il veut les voir comme tous les enfants. Courageux, travailleurs, au premier rang de leurs classes. Il sait que sa vie est dangereuse et que chaque sortie de chez lui peut être sans retour.

Cette vigilance devient un fardeau lourd. Il aimerait bien partir en préretraite pour vivre comme tout le monde. Pourtant quelqu’un comme lui, avec son expérience, ne restera jamais inactif.

Sa retraite ? Il sera toujours un homme surveillé de près par ceux qui l’utilisent aujourd’hui. Il détient des secrets et plus qu’il n’en faut. Il représente un danger pour les services secrets et sa mort sera son ultime retraite.

Mark connaissait son destin dès qu’il est intervenu la première fois comme un soldat du peuple. Il s’est alors considéré mort pour la nation.

Il profite de chaque moment de son vivant, le reste viendra du ciel. C’est sa façon de se stabiliser, de se convaincre pour vivre paisiblement.

Quand on est pressé, on se bouscule pour ne pas être en retard. L’eau est coupée dix fois par jour à New York, c’est pire qu’à Paris et dans les grandes cités du monde.

Le grand nombre d’habitants, les travaux dans toutes les rues durant toute l’année, les gratte – ciels. Plus c’est haut, plus on y vit comme dans le désert. Les toits des immeubles servent de stations d’eau. On dirait que New York finira par se noyer par ces installations. Au sol, l’océan, et les réservent d’eau au sommet. Il suffit d’utiliser l’eau de ces citernes pour éteindre les incendies sans pompiers sur plusieurs étages.

Mark se prépare toujours aux surprises de cette ville qu’il connaît comme ses doigts de la main.

Le téléphone sonne à nouveau au moment où Mark s’apprête à sortir. Dans sa précipitation à répondre, il casse un vase de son mariage. Une pièce précieuse qui montre l’état de tension de Mark. C’est sa fille qui s’assure qu’il est prêt.

— En route, ma chérie.

Mark appelle un taxi pour ne pas perdre de temps.

Quand il y pense, il se voit dans le rôle de « Taxi Driver », son film préféré. C’est un film culte et moral, comme il aime dans sa vie. Au travail, il ne pose pas de question, agit, c’est tout. La vie d’un agent des services de l’état. Un militaire ne pense pas, comme il répète toujours. Quand on te demande de tuer ton père ou ton frère, tu le fais ! C’est un ennemi, alors pas d’état d’âme.

Jusqu’à présent, Mark n’a jamais rencontré cette situation mais il ne l’exclut pas. Des collègues d’arme y ont été confrontés. Ensuite, ils se sont suicidés ou se sont mis en risque d’être condamnés à mort. L’homme n’est qu’un homme et sa morale se réveillera un jour, c’est le risque du métier !

Trois minutes plus tard, une voiture jaune s’est arrêtée et le klaxon a fait sursauter Mark. Par la fenêtre, il a vérifié s’il s’agissait bien du véhicule commandé. Le chauffeur n’est pas descendu, juste un coup d’avertisseur sonore. C’est un signe pour Mark qui n’aime pas les intrus dans sa vie privée.

Il descend en courant par les escaliers pour ne pas attendre l’ascenseur. Le taxi reste bouche bée : Un homme d’affaires ou un ministre ? Mark ne laisse pas les autres indifférents, même les hommes

Lors de ses rendez-vous avec sa fille, il est coquet comme un Frenchy. Cette fois-ci aussi, invité chez les Français, ce restaurant représente une partie de la France, qu’il aime tant. Des souvenirs de la capitale, de la tour Eiffel, et le baiser d’amour, le French Kiss.

Il aime être le plus bel homme de la vie de Mary. Comme s’il avait rendez-vous une petite amie.

Le chauffeur de taxi s’active, souriant, et lui ouvre la portière. Il le salue avec déférence et lui offre d’entrer dans le véhicule. Mark est méfiant. Il le scrute.

— Ce visage me dit quelque chose, pense Mark. Non, non, non, pas un Afghan. Peut-être un Indien ou un Pakistanais ?

Mark s’approche, le regard fixé sur l’homme. Il met sa main qui porte sa sacoche de portable en avant et entre en surveillant ses arrières.

— Pourquoi ai-je se sentiment de méfiance ?

C’était la première fois, depuis plus de vingt ans qu’il se sent en danger devant chez lui. Il tente de rester calme mais des milliers de questions l’assaillent. Sa mémoire fonctionne comme un ordinateur qui cherche une réponse à une image ou un mot de passe.

— Quelle direction, cher Monsieur ?

Mark lui propose une adresse proche du lieu et ils partent. Le chauffeur semble curieux. Il ne baisse pas son regard du rétroviseur pour observer son passager.

— Je prends la rue à gauche ! dit le taxi au sourire proche de l’ironie. Mark acquiesce d’un signe de tête, sans plus, le visage fermé. Alors ils continuent en ralentissant puis en accélérant par moment. Mark est incommodé par cette allure. Il sent même que le chauffeur le fait exprès pour le provoquer ou le taquiner.

— Doucement, s’il vous plaît. Je ne suis pas pressé, j’ai tout mon temps.

— C’est moi qui suis pressé, cher Monsieur. C’est ma dernière course ! J’ai envie de vite rentrer car je n’ai pas fermé l’œil depuis quarante-huit heures.

Mark reste silencieux et stoïque mais il surveille de près les réactions de l’homme.

Le taxi prend des routes inhabituelles. Mark connaît le parcours, ce n’est pas un de ces touristes à qui on fait prendre des routes plus longues pour augmenter la facture. Il ne dit rien pourtant. Il étudie la situation. Sa colère commence à monter et il retrouve ses réflexes de guerrier. Il traduit le comportement du chauffeur comme des actes professionnels préparant son coup en baladant la victime, comme une proie.

— N’êtes-vous pas dérangé si je passe prendre un ami ? C’est dans notre direction et je viens de me souvenir qu’il m’a demandé de passer le prendre. Je suis en retard à ce rendez-vous et il faut que j’y aille avant qu’il ne soit tard. Ce n’est pas un problème pour vous, Monsieur ? Mark secoue la tête avec un petit sourire moqueur, lui aussi, pour ne pas montrer ce qu’il prévoit s’il est attaqué. Le chauffeur s’éloigne de la zone urbaine et entre sur une autoroute avant de se diriger vers une forêt puis un quartier industriel désaffecté.

Les cheveux de Mark se hérissent sur sa tête et ses muscles se tendent. Ce que fait le taxi n’est pas normal alors il se prépare à être attaqué, tel un lion dans une cage qui sent un envahissement de son territoire.

Le chauffeur l’angoisse de plus en plus Il balade ses mains et essaie d’ouvrir les vide-poches à la recherche de, je ne sais pas quoi. Il ne parle plus à Mark mais il marmonne, comme s’il se parlait à lui-même.

Les mouvements du conducteur le montrent comme un homme perdu. Il s’énerve et se comporte comme quelqu’un qui cherche un objet. Puis il se calme. Mark a déjà son pistolet préparé pour se défendre. L’arme est équipée d’un silencieux. S’il était contraint de l’utiliser en pleine ville, il ne faudrait pas attirer l’attention. Mark prendrait cette décision s’il se sentait vraiment en danger, lui ou sa famille. Pour arriver à son rendez-vous avec sa fille, peu importe le prix qu’il aurait à payer et il sacrifierait même son patron.

Le chauffeur se calme, Mark hésite et éloigne sa main de son arme. Il prie tous les dieux de ne pas être obligés de tuer.

— Pardon Monsieur ! dit le chauffeur. J’ai la tête en vrac à cause du manque de sommeil.

— Pas de problème. Mais essayez de rattraper le retard car j’ai un rendez-vous très important.

— Pourquoi, vous êtes chirurgien ?

C’est le mot qui le guidera vers la mort. Personne à New York ne sait que Mark est chirurgien ni que ses missions extérieures sont une sorte de « chirurgie » radicale. C’est le mot secret et celui qui le connaît est un espion des forces ennemies ou un tueur à gages qui cherche l’exécuter.