Trésor maudit à Piriac - Serge Le Gall - E-Book

Trésor maudit à Piriac E-Book

Serge Le Gall

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Beschreibung

« Mon petit Tom, je t’aime plus que ma vie. Fais bien ce que je te dis, sinon ils te tueront ! » conseille Marine Desarte. Des années plus tôt, Philippe, son mari et son beau-frère ont acquis à l’arraché un sac de pierres précieuses sur les pentes du Kilimandjaro en Afrique. Le butin en tanzanite brute intéresse du monde ! On berne le contrôle aux frontières avec le concours des magistrates Lorraine Bouchet et Angelina Lafos ; on organise l’enlèvement de Tom ; on recrute un tireur d’élite marié à une cantatrice ; on séquestre Milena, la compagne du commandant Ange P. ; finalement, on agace grave le commissaire divisionnaire Landowski avec cette histoire de cailloux ! De l’île Maurice à Piriac-sur-Mer, on se court après. Puis du tombeau d’Almanzor à la pointe de Castelli, on règle définitivement ses comptes ! Et tout cela, sous le regard placide de Ganesh, le dieu hindou !


À PROPOS DE L'AUTEUR


Serge Le Gall vit et écrit à Pont-Aven. Côté Enquêtes, il s’appuie sur son expérience professionnelle dans le milieu judiciaire. Côté Suspense, il aime bien jouer à cache-cache avec son lecteur. Le commissaire divisionnaire Landowski est son personnage fétiche..

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Couverture

Page de titre

À Liliane et Roger. À Marylène.

Cet ouvrage de pure fiction n’a d’autre ambition que de distraire le lecteur. Les événements relatés ainsi que les propos, les sentiments et les comportements des divers protagonistes n’ont aucun lien, ni de près ni de loin, avec la réalité et ont été imaginés de toutes pièces pour les besoins de l’intrigue. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant ou ayant existé serait pure coïncidence.

PROLOGUE

— On est bien ici, hein Maman !

Le jeune garçon s’amusait à créer des vaguelettes au bord du rivage en agitant ses pieds nus. Son short en jean était mouillé aux fesses. L’enfant avait dû s’asseoir sur le sable mouillé faisant fi de l’humidité qui allait fatalement le gagner. Sa chemisette blanche n’était fermée que par un seul bouton mais il ne paraissait pas débraillé pour autant. De toute manière, son sourire radieux effaçait tout.

La jeune femme blonde ne répondit pas. Son regard, bien que fixé sur l’horizon bleuté, ne semblait pourtant pas le voir. Elle était assise sur le sable fin comme de la farine, parsemé de morceaux de corail blanchis par le mouvement perpétuel de l’océan Indien. Elle tenait ses jambes repliées dans ses bras serrés et sa robe blanche légère avait glissé sur ses cuisses bronzées à les dévoiler discrètement. Image pudique et très sensuelle à la fois.

On aurait dit un panel de photos, romantiques à souhait, prévues pour rejoindre l’album de mariage ou la promesse de celui-ci au prochain voyage. L’exercice incontournable est généralement inclus dans le package de l’hôtel pour immortaliser l’événement. Qu’en adviendra-t-il par la suite…

Cependant les traits du visage de la jeune femme semblaient marqués par une nuit sans sommeil. On aurait dit qu’elle avait beaucoup pleuré mais qu’elle s’efforçait de le masquer.

— Pourquoi il faut qu’on parte déjà ? demanda l’enfant tout en continuant à s’amuser avec l’eau calme.

La jeune femme hocha la tête comme si la question pesait sur ses épaules. Après un instant de réflexion, elle répondit :

— Parce que les grandes personnes ne savent pas profiter du bonheur qui les touche.

L’enfant grimaça. Tout ça ne lui disait rien.

— Pourquoi il faudra se séparer ?

— C’est pour te protéger.

— Pourquoi ?

— Parce que…

— Tu vas quand même retourner dans la maison de Papy et de Mamie ?

— Oui bien sûr ! Bientôt, nous y habiterons définitivement. Toi, moi et… Papa.

— Yes !

La jeune femme réprima une émotion qui cherchait finement à la submerger. Elle caressa son annulaire droit orné d’une bague en or, un bijou serti d’une jolie pierre bleue en tanzanite.

Elle la fit glisser délicatement comme si ce geste était un déchirement puis elle la tendit à l’enfant.

— C’est pour moi ? s’étonna-t-il. Mais c’est pour les femmes ça !

— Je sais bien et je ne te demande pas de la mettre à ton doigt ! Je te la donne pour que tu la gardes pour moi. Comme un trésor. Tu feras ça ?

— Ben oui Maman !

— Tu sais quoi Tom ? On va la cacher dans ton sac à dos, dans la petite poche secrète ! Tu sauras toujours qu’elle est là et ça te donnera le courage de m’attendre. Attention hein, tu n’en parleras ni ne la donneras à personne, même pas à Ameline, ta copine de classe préférée, bien qu’elle te plaise beaucoup. Sous aucun prétexte ! Les amours trop précoces ne sont pas souvent les plus éternels.

Elle le saisit par les épaules comme pour sacraliser la séquence. Sans vouloir le secouer ou lui faire du mal par une pression trop intense. L’amour d’une mère…

— Tu m’as bien compris, Tom ?

— Oui Maman.

— Ce bijou doit rester entre toi et moi. C’est notre lien intime. Ce sera notre secret !

Tom caressa la pierre bleutée tirant sur le violet.

— C’est une très belle bague, dit-il pensif. Pourquoi tu ne veux pas la garder pour toi ?

— Parce qu’il y a des gens qui chercheront à me la prendre. Pour avoir ça et autre chose, ils seront capables de me faire beaucoup de mal. Et s’ils finissaient par y arriver, je serais perdue.

Le jeune garçon ne comprenait pas mais il sentait bien que le moment était grave, voire solennel.

La mère prit son garçon par la main et l’attira contre elle.

— Mais un jour, dit-elle, quelqu’un viendra, une femme probablement, que tu connaîtras peut-être. Tu verras bien qui et cette personne te demandera si tu as quelque chose pour elle. Alors tu lui donneras la bague.

— Et pourquoi, je ferai ça ?

— Parce que ça voudra dire que tous nos ennuis sont définitivement terminés !

— Terminé quoi ? demanda l’enfant en fronçant les sourcils comme un grand.

— Tu verras bien. Pour l’instant, je n’en sais rien moi-même.

Elle prit son garçon dans ses bras.

— Mon petit Tom…

Elle venait sciemment d’évoquer le mot homme pour ragaillardir l’enfant.

— Tu vas être fort, très fort, comme un homme. J’ai tout organisé pour que ça marche et qu’on se sorte d’une affaire dans laquelle, ni moi, ni toi n’avons la moindre responsabilité. Dans la vie, il faut cultiver sa chance. On va faire comme je t’ai dit et tout finira bien. Après, on se retrouvera, je te le promets. Méfie-toi de ceux que tu ne trouves pas francs et suis ceux qui te semblent honnêtes. Laisse ton instinct décider. C’est comme ça qu’on apprend la vie !

— Comment les reconnaître ?

— Les méchants finissent toujours par faire des erreurs parce qu’ils en veulent toujours trop. Sauve-toi et cache-toi si tu as un doute, débrouille-toi pour te rendre où je t’ai dit et il ne t’arrivera rien.

— Je ne comprends pas bien…

— Il faut que tu aies confiance en toi et en ton destin. Tu feras très attention à toi !

Elle avait tout à coup la bouche sèche. Le moment était pathétique.

— Je t’aime plus que ma vie, mon chéri ! dit-elle avec douceur.

— Pourquoi tu me dis de faire tout ça, Maman ?

— Parce que sinon, ils te tueront !

I

Il était encore tôt.

Dans l’hémisphère Sud, le soleil est matinal et il a moins de nuages à écarter. Pas question donc de fainéanter quand la nature s’active déjà en couleurs.

Landowski laça son peignoir brodé aux armes de l’hôtel. Il enfila des chaussons assortis très plats et trop minces qui le faisaient marcher en canard pour éviter le dérapage et la chute. Il fit glisser la porte-fenêtre sur son rail puis enjamba le châssis pour sortir sur la terrasse. L’eau de la piscine qui serpentait au ras des chambres, remontait jusqu’à mouiller les pieds du bain de soleil. Celui-ci était moulé en S de façon à s’y trouver immédiatement à l’aise une fois allongé. L’ergonomie progresse…

Il huma l’air vivifiant. Plus tard dans la journée, la délicate fraîcheur du petit matin laisserait la place à une sensation plus lourde à cause de la chaleur. Mais lui, le commissaire divisionnaire davantage habitué aux odeurs métalliques de la capitale française, aimait bien cette sensation de pureté originelle.

Lorraine Bouchet, sa compagne magistrate, avait dû batailler dur pour arracher le grand flic à ses jouets mortels pour deux petites semaines de vacances de l’autre côté du globe.

L’addiction pour les enquêtes criminelles le tenait très fort et il avait toujours un fer au feu. La délinquance ne s’arrête jamais. En plus, il aimait cette quête permanente sur la piste des tueurs. Parfois il sentait le vent du boulet lui raser l’épiderme et remerciait le ciel de l’avoir encore une fois épargné. Il sortait tout juste d’une chasse au loup en Bretagne où il avait enfin mis un terme à une hécatombe du côté de Scaër dans le Finistère*. Après l’exercice, Lorraine lui avait trouvé une mine de papier mâché et elle avait eu l’idée de l’inviter sous les alizés pour qu’il se repose enfin. En ne lui laissant pas le choix !

L’horizon s’était noirci par endroits en direction de Madagascar. Avec ces nuages bien typiques de l’océan Indien à nuls autres pareils. Plus au sud, Port-Louis, la capitale de l’île Maurice, était encore embrumée et les cargos en attente d’accostage ressemblaient, à cette distance, à des jouets d’enfants posés sur un bassin de square. Les feuilles des palmiers bruissaient par instants. Le personnel de plage ratissait méthodiquement le sable avant de laisser la place aux vacanciers. Tout était calme. Le paradis.

Le jeune couple qui occupait la suite contiguë à celle retenue par Lorraine Bouchet pour dorloter son chéri pendant quatorze nuits et autant de journées, n’avait pas encore émergé d’un sommeil probablement écourté par des ébats bien naturels durant une lune de miel avec la bague au doigt. À souhaiter ardemment que l’or si brillant au premier jour, ne se ternisse pas trop vite avec les aléas de la vie. Il y a parfois dans l’amour éternel fièrement annoncé quelque chose qui ressemble à l’inaccessible étoile…

De l’autre côté, un employé de l’hôtel faisait le ménage de la chambre laissée par des clients repartis pour Dubaï la veille au soir. Les hôtels ressemblent à des halls de gare où se croisent ceux qui vont malheureusement se séparer comme ceux qui vont se rencontrer pour vivre l’aventure inespérée. Le chassé-croisé d’un monde de fourmis.

Non loin du bar de la piscine où les sièges baignaient dans l’eau, sensation bien agréable, le brasero circulaire bien entouré en soirée fumait encore un peu. La veille au soir, Landowski et Lorraine avaient éclusé quelques shooters en compagnie d’un jeune patron britannique et sa jeune femme partis pour ne plus rien se souvenir de cette soirée le matin suivant. La conversation entre les deux couples s’était faite au moyen d’un logiciel de traduction activé sur internet. Programme compliqué pour Landowski mais la magistrate, habituée à rencontrer des collègues d’autres nations n’y avait pas eu recours. On avait remis des bûches comme s’il faisait plus froid dans l’hémisphère Sud. On avait fait des discours sur le plaisir charnel et espéré ne pas s’en préserver. Le jeune marié avait commandé d’autres bouteilles sans regarder à la dépense et le monde de la nuit s’était habillé d’étoiles.

Plus tard, Lorraine et Landowski s’étaient écartés d’un groupe qui commençait à somnoler et ils avaient marché main dans la main un moment au bord de l’océan, comme des amoureux de la première heure. Au ras de l’horizon, deux paquebots de croisière aux hublots comme des points de feu semblaient bien irréels. Malgré cette foutue pandémie, la vie retrouvait peu à peu son cours.

Le couple avait marché lentement jusqu’à atteindre la case nautique plongée dans le noir puis il avait fait demi-tour comme s’il avait enfin touché sa réalité. Peut-être aurait-on pu déceler dans l’attitude de l’un comme de l’autre, ce désir secret de convoler en ce lieu de paradis.

Landowski aurait-il ressenti tout à coup la fibre maritale, celle que Lorraine espérait voir scintiller dans ses yeux si bleus ? Peut-être l’avenir le dirait-il !

Quand il l’avait serrée dans ses bras, une fois la lumière éteinte, il n’avait pas senti la moindre réticence. Alors quoi ce matin ?

Il soupira puis il revint vers l’intérieur de la suite pour ouvrir la porte à l’employé du room service qui apportait le grand plateau du petit déjeuner. Landowski lui demanda d’installer le tout sur la table ronde de la terrasse afin qu’ils puissent passer un bon moment en extérieur pour leur dernier petit déjeuner sous les tropiques. Il nota l’abondance de mangues et de litchis. Lorraine en raffolait. Elle allait apprécier mais pour l’heure, elle était absente.

Quand le serveur entra à nouveau pour apporter le café et l’eau chaude pour le thé, Landowski lui demanda :

— Avez-vous croisé Madame ?

L’employé sourit tout en secouant la tête à la négative. Malgré des efforts louables, certains membres du personnel avaient un peu de mal à s’exprimer correctement en français et, tout en comprenant les questions, préféraient sourire en guise de réponse. Ils utilisaient davantage la langue de Shakespeare que le français, ardemment défendu par le commissaire qui conservait encore une certaine méfiance envers la perfide Albion !

Une fois la lourde porte automatiquement refermée dans un chuintement forcé, Landowski croisa les bras et se mit à observer un bateau d’excursions en mer qui manœuvrait à l’extrémité de la plage. L’équipage venait d’embarquer les bonbonnes en plastique bleu de carburant et les cageots bien chargés de victuailles et boissons pour la restauration offshore. Les deux passagers avançaient dans l’eau avant d’embarquer dans le cabin-cruiser beige réservé pour le couple. La mini-croisière les amènerait probablement au sud vers la Pointe d’Esny avec un arrêt déjeuner sur l’île aux Aigrettes. Le rhum arrangé serait de la fête évidemment. Puis il y aurait la séquence snorkeling pour admirer les fonds marins. Le retour serait probablement plus calme.

Les images exotiques s’estompèrent rapidement. Le commissaire en vacances semblait s’agacer de l’absence un peu longue de Lorraine et il rentra dans la chambre. Il saisit la carte sésame posée sur le guéridon et servant de clé pour entrer dans la suite. Il sortit…

… et il rentra aussitôt. Il venait de se rendre compte que la carte magnétique pour pénétrer dans le vaste appartement n’était jamais posée sur le guéridon mais placée dans un étui lui-même glissé dans la poche intérieure d’un panier tressé qu’ils avaient l’habitude d’emporter avec eux à la plage. Lorraine y plaçait son livre à lire une fois allongée, ses crèmes de bronzage et un tas de petits gris-gris glanés çà et là à la faveur des rencontres avec les vendeurs de plage toujours affables et convaincants.

Le panier avait disparu. Forcément.

Le regard de Landowski était devenu plus sombre. Il quitta à nouveau la chambre, traversa le jardin luxuriant puis emprunta la passerelle enjambant la piscine et, d’un pas décidé, il se dirigea vers le bar. Pas plus qu’au restaurant où des clients prenaient tranquillement leur petit déjeuner, personne n’avait vu ni croisé la compagne du commissaire.

Landowski décida de se rendre à l’accueil. Lorraine avait parlé de billets d’avion la veille comme pour ne pas oublier d’effectuer par internet le choix des places pour le retour. Peut-être était-elle passée à l’accueil pour s’en assurer. Les vacances se terminaient. Ils s’envoleraient pour la France vers 22 heures.

Le vacancier esseulé traversa le vaste hall à grandes enjambées. Un jeune homme en livrée impeccable vint au-devant de lui. Landowski lui demanda s’il avait vu passer Lorraine depuis le matin. Elle aurait pu aussi décider de se faire faire un massage pour commencer sa journée vu que son compagnon ronflait encore dans un amas particulièrement agencé d’oreillers moelleux. Là aussi, il fit chou blanc. Personne n’avait remarqué la magistrate dont la démarche élégante faisait se retourner la plupart des personnes qu’elle croisait et pas uniquement les hommes.

Elle était passée du tailleur bleu marine un peu strict des grandes marques parisiennes à des paréos fleuris qu’elle jetait négligemment sur ses épaules nues pour les laisser s’amuser avec les courants d’air. Sous les tropiques, le regard des hommes s’aiguise plus vite quand la sensualité se promène. Lorraine en vacances était du genre à se faire désirer.

Quand Landowski regardait sa compagne occuper l’espace, il était certain que c’était une chance de l’avoir rencontrée. Les îles Glénan y étaient pour quelque chose. Surtout le retour en bateau après une mémorable soirée organisée à Penfret par le Festival Livre & Mer. Enlacés, ils avaient admiré les feux d’artifice du quatorze juillet qui s’allumaient le long de la côte de Fouesnant à Trévignon.

Le célèbre flic n’en avait rêvé aucune autre. Dans la vie, il y a toujours celle et il y a toujours celui. Quand les étoiles s’alignent, les dés sont jetés et la rencontre s’annonce sous les meilleurs auspices. Mais pourquoi l’avait-elle choisi, lui ? Il avait toujours cette question en suspens.

En attendant, la magistrate en question était aux abonnés absents.

Le compagnon esseulé demanda à s’entretenir avec la Room Service Manager. Le couple avait sympathisé avec elle lors d’un apéritif dînatoire organisé au bord de la piscine. Il ne l’attendit pas longtemps.

— Je suis au courant de l’absence de votre compagne, monsieur Landowski. Le valet en charge de votre chambre est venu m’en parler après avoir déposé le petit déjeuner. J’ai alors interpellé tous les responsables de secteur de l’établissement. Je n’ai eu que des réponses négatives jusqu’ici.

En voyant la mine du commissaire s’assombrir, elle tenta de minimiser.

— Vous savez, l’hôtel est vaste ! Madame Bouchet a pu s’éloigner en direction de la plage publique ou s’isoler dans le jardin. Ou…

— Ou quoi ?

La responsable leva la main en esquissant un sourire se voulant rassurant.

— Elle a pu discuter avec une cliente rencontrée au spa et faire quelques pas avec elle, parler à un vendeur de plage qui s’est mis à lui tresser un bracelet de perles, faire un jogging le long du rivage ou décider d’être seule un moment pour cette dernière journée !

— Sans qu’on la voie nulle part ?

Landowski semblait atterré.

— Au moment où nous parlons, elle a peut-être rejoint votre chambre en longeant le parking. Dans une minute, c’est ce que l’on va venir me dire. En ce moment, il y a le tisserin gendarme qui construit son nid dans les palmiers. Ils sont nombreux et ils se font remarquer sur l’arrière de l’hôtel. C’est un spectacle à voir ! Elle a peut-être voulu observer leur manège particulier et prendre des photos en souvenir !

Coïncidence, un homme dans un uniforme d’une autre couleur s’approcha. La manager s’éloigna de Landowski pour parlementer avec le nouveau venu puis elle revint, la mine sombre.

— Mauvaise nouvelle ? s’enquit Landowski en sentant qu’il touchait la cible.

— Kavish est préposé au portail d’entrée depuis ce matin…

— Et ?

— Madame Bouchet est sortie à pied, en début de matinée.

— Elle a dit où elle allait ?

— Au village ! Il y a des magasins de souvenirs. Des vêtements aussi. Elle avait peut-être des cadeaux à faire…

— Vous voyez Monsieur, tenta de rassurer la RSM, les femmes ont besoin d’un peu de solitude de temps en temps !

Landowski n’en croyait pas un mot.

Vers midi, Lorraine rentra par la porte principale de l’hôtel. Landowski rongeant son frein l’attendait, assis dans un fauteuil de l’entrée.

— Mais qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle. Profite donc de la plage avant de partir ! Tu aimes bien nager non ?

— En ce moment, j’ai une femme courant d’air ! Tu aurais pu me prévenir ! dit-il en se levant d’un bond. Tu n’as même pas pris le petit déjeuner avec moi !

— Je n’avais pas très faim. J’ai pris un croissant et un café au bar. On ne te l’a pas dit ?

— C’est quoi cette coiffure ? demanda le commissaire en fronçant des sourcils.

— Tu n’aimes pas ?

— Pas vraiment. Je préférais avant. On ne te reconnaît plus !

— Dans mon emploi, c’est plutôt gris, strict, serré. Quand on représente l’État…

— Pour quelle raison tu m’as laissé en plan ?

Elle rit.

— Pour mon dernier jour à Maurice, j’ai voulu passer incognito ! Pas comme au Palais ! Marcher dans les couloirs et être ignorée enfin. Une femme lambda qui déambule, qui se laisse admirer mais qui reste mystérieuse et inaccessible.

Landowski secoua la tête.

— C’est quoi ce délire ? T’as éclusé deux ou trois rhum vanille ? Tu as pété un câble ou quoi ?

— Des fois, je me fais des films ! J’ai bien le droit non ? Je suis totalement une autre et le regard perplexe des personnes que je rencontre les déstabilise. Je les laisse affabuler et partir en live !

— Je t’encombre tant que ça ?

Elle soupira.

— Qu’est-ce que tu vas chercher ? Les femmes ont besoin de vivre pour elles-mêmes, mon amour ! On aime jouer à attendre l’inconnu qui passe mais qui ne s’arrêtera pas…

— Et s’il s’arrêtait ?

— Mon attachement pour toi serait en balance… une minute ou deux !

Elle sourit.

— Tu n’aimes pas ça hein ?

— Non. Pas du tout ! C’est exactement le type d’humour qui me gonfle, tu vois !

— Je m’amuse aussi en te bousculant un peu ! C’est l’exotisme qui fait ça !

Il n’en croyait pas un mot.

— Et ça sert à quoi ?

— Vous les hommes, vous ne comprenez rien au romantisme. Regarde hier soir. On était bien. Avant comme après ! Les femmes ont besoin de rêver ! Pourquoi on aurait inventé le prince charmant sinon ? Je me fais plaisir là et ça ne change rien à nos relations ! Tu es content ?

— Pas vraiment…

— Redescendons sur terre puisque c’est là que tu te trouves le mieux ! Allons déjeuner avec vue sur l’océan. Demain on va retrouver la grisaille des Batignolles pour moi et de Levallois pour toi ! Changement garanti !

Lorraine soupira.

— Ensuite, il faut que je refasse les valises. Toi, tu as tout entassé. Quand c’est rangé, ça donne plus de place pour le reste !

Sur le petit chemin en arrondi menant au restaurant, Landowski leva le bras.

— Pendant ton absence, on m’a dit que tu étais peut-être ici à observer la faune.

— Les tisserins, je les ai pris en photo, y a deux jours !

Donc elle n’y était pas ! Sa réponse ne rassurait pas Landowski. Pas du tout.

Connaissant leurs goûts, le serveur les installa sous la varangue du restaurant La Casa mais juste à la limite de l’ombre pour qu’ils puissent jouir de la magnifique vue sur le lagon. Ils commandèrent aussitôt le plat du jour, un rougail saucisses pour déjeuner mauricien, faisant suite à un carpaccio de marlin fumé servi en rosace puis une assiette de fruits frais. Ils se firent servir un grand verre de vin italien blanc pétillant. Le rhum vanille suivrait avec le café de Chamarel.

Leur conversation ne fut pas très animée. Il y avait quand même un petit voile dans l’air et ce n’était pas qu’une brume de chaleur !

Ils ne s’attardèrent pas. Quand le séjour touche ainsi à sa fin, l’ambiance change. Les contingences matérielles reviennent au galop : acheter les derniers cadeaux, faire les valises, vérifier les documents de voyage, payer la note, se remémorer l’heure du départ. S’y faire tout simplement.

Une fois la liste rageusement rayée au feutre, ils passeraient un peu de bon temps sur la plage à siroter un ultime cocktail après un bon bain délassant.

— Tu sais que je vais à l’hôpital Gandhi cet après-midi ! rappela Lorraine.

— J’avais oublié. C’est obligé ? Profite des derniers moments plutôt !

Lorraine soupira.

— J’ai commandé quelques sachets de plantes médicinales. Et puis ici, c’est garanti naturel. Je vais donc aller les chercher avant de partir.

Elle résistait bien. Il insista.

— Tu pourrais envoyer un taxi. Ils font ça très bien !

— Je préfère vérifier que l’on me donne exactement ce que j’ai commandé.

Landowski secoua la tête.

— Forcément, réagit Lorraine, toi tu t’en fous mais les femmes aiment bien soigner leur santé par des ingrédients naturels. Et puis quand j’en mettrai dans l’eau de mon bain pendant l’hiver, ça me rappellera Maurice !

— Y en a pas en France de ces trucs-là ?

— Ici c’est autre chose. C’est de la médecine ayurvédique. L’efficacité réside dans le mélange subtil et la posologie, c’est essentiel pour réussir la cure !

Landowski tenta autre chose.

— C’est un peu tard pour y aller non ? T’en auras pour longtemps ?

— Non pas très. J’ai rendez-vous avec un physician du centre puis avec Robin, le masseur. Tu sais pour ma cheville qui me titille encore de temps en temps. Je vais lui demander ce qu’il en pense. Ce n’est pas loin. Ensuite je rentre, je termine les valises, j’appelle la réception pour qu’on vienne les chercher et je te rejoins à la plage. Les maillots ne seront pas secs mais tant pis, on les laissera dans le panier. J’ai prévu le sachet en plastique.

Elle eut un rire espiègle.

— Tu sais ce qui serait bien ?

— Ben non ! répondit-il mollement.

— On a réservé un transfert privé pour aller à l’aéroport. Il partira plus tard que le bus puisqu’on n’aura pas à subir le ramassage d’hôtel en hôtel qui te gonfle !

— Oui et alors ?

— On se fait livrer sous notre paillon à la plage deux sandwiches énormes comme ils savent faire de peur qu’on crève de faim. Avec des frites et une feuille de salade ! On pousse le tout avec une grande bière Phénix ! On jette une petite fleur à la mer pour dire qu’on reviendra et on part sans se retourner !

Le visage de Lorraine s’éclaira.

— Peut-être pour un événement heureux !

Elle était du genre à ne rien lâcher.

— Mais y a le plateau-repas dans l’avion ! protesta Landowski.

— Ne me dis pas que tu apprécies vraiment ce qu’on nous sert en vol ! Les portions sont calculées. On n’est pas là pour se goinfrer non plus ! Faut digérer quand t’es assis onze heures dans un siège étroit ! Et puis on n’a pas de place, on renverse, on se tache !

— C’est pas un cinq étoiles non plus ! ironisa Landowski. Apparemment, il n’était pas fan du casse-croûte. Lorraine insista.

— Tu demanderas qu’on te serve un gin-tonic et tu mangeras le bout de gâteau du dessert si tu as encore faim ! Tiens, j’te donnerai le mien si tu veux !

Landowski trouvait Lorraine un brin exaltée pour un retour en métropole qui n’est pas souvent le moment d’un plaisir extrême mais, ne pigeant pas tout, il baissa pavillon. Il verrait plus tard.

Quand elle s’éloigna en direction du hall d’entrée, il tiqua. Il ne buvait jamais de bière avant un si long voyage et très peu le reste du temps. L’avait-elle soudainement oublié ? Quand elle eut disparu, Landowski ramassa ses affaires. L’attitude de Lorraine ne correspondait pas à son comportement habituel. Il l’avait senti et ça ne l’amusait pas. Pas du tout !

Il passa à l’accueil.

— Demandez à un taxi de venir me prendre dans un quart d’heure.

— Madame vient de partir. Vous allez la rejoindre, Monsieur ?

— Oui, elle a oublié d’emporter un document médical.

— Ah…

Landowski rejoignit sa chambre au pas de course. Au moment de déposer le sésame sur le guéridon, il remarqua que son passeport était bien là mais que celui de Lorraine manquait à l’appel. Son sang ne fit qu’un tour. Expérience professionnelle.

Du coup, il alla aussitôt inspecter la penderie située dans le couloir. En arrivant, ils avaient suspendu les vêtements d’hiver qu’ils portaient pendant le voyage et qu’ils remettraient pour le retour. Le pull à col roulé de Lorraine pour éviter les courants d’air, son jean élimé pour faire sauvageonne et ses chaussures de marche pour traverser les aéroports n’étaient plus là. Il paria que la trousse de toilette était partie elle aussi. Il vérifia. Bingo.

Le panier en osier avec un dessin du dodo, le volatile emblématique de l’île Maurice, brillait par son absence. Tout comme la valise.

Théoriquement, les bagages n’étaient pas prêts. Ils préféraient tous les deux se résoudre à faire cette opération en toute fin de séjour. Pourquoi Lorraine était-elle en train de le rouler dans la farine, lui son compagnon ? Il se sentait un peu perdu. Ce n’était pas une enquête policière avec tous les schémas souvent difficiles de la turpitude des humanoïdes. Il s’agissait d’un problème dans un couple exhalant la plus parfaite des fusions amoureuses. Ou alors, il y avait des pans cachés…

Qu’est-ce que tout ça voulait dire ? De fait, il douta de la visite à l’hôpital. Normalement, elle ne l’aurait pas exclu d’une sortie juste en fin de séjour. Si elle le laissait seul à l’hôtel, ce n’était que pour faire un jogging ou des photos animalières, deux activités qui lui étaient étrangères au plus haut point. Dans ce puzzle, il manquait une pièce maîtresse. Lorraine n’avait jamais eu ce comportement bizarre. Elle paraissait si exaltée…

Le policier se redressa. La seule conclusion valable s’imposait d’elle-même. Lorraine Bouchet, venait de filer à l’anglaise ! Tout simplement !

Pour où ? Avec qui ? Pourquoi ?

Mystère et boules de gomme !

Landowski ne trouvait pas ça drôle. Mais pas drôle du tout !

Le mieux était de vérifier si Lorraine l’avait réellement enfumé ou pas. En bon policier habitué des enquêtes, il n’allait pas enfoncer des portes ouvertes. Les évidences sont parfois trompeuses. Après tout, en quittant l’hôtel pour aller chercher ses plantes, elle avait pu profiter pour descendre sa valise à l’accueil et en faire vérifier le poids pour éviter une surtaxe mais il n’y croyait guère, elle n’avait habituellement pas cette crainte.

Pendant la course, il resta silencieux. Pour une fois, il avait perdu un peu de son assurance. Il s’apercevait tout à coup de l’importance de la présence de Lorraine dans sa vie. L’action se déroulant à l’étranger passait à travers un prisme grossissant créant des inquiétudes légitimes. Le roc, touché côté sentiments, était sérieusement ébranlé.

Sur le parking de l’hôpital, le conducteur du taxi de l’hôtel avait ouvert son journal sur le volant et il lisait les dernières nouvelles de l’un des quotidiens de l’île. Le véhicule portant le panneau d’accréditation de l’hôtel, Landowski s’y dirigea naturellement.

— Vous avez amené quelqu’un ? demanda-t-il au chauffeur.

— Oui Monsieur. Je ne suis pas libre. La dame est en rendez-vous avec un physician de l’hôpital. Elle va arriver bientôt et je vais la ramener à Pointe aux Piments. Tenez, la voilà qui arrive !

Une seconde et de loin, Landowski crut que c’était Lorraine. Même démarche aérienne, même coiffure mais un peu plus aérée, même regard droit et insistant. Même les vêtements étaient raccord. Manquait juste le panier en paille tressée dont elle ne séparait que rarement…

— Bonjour Madame, dit Landowski dès qu’elle fut à faible distance.

— Bonjour, ce n’est pas moi que vous attendiez, si ?

— Non ! Une personne qui vous ressemble à s’y méprendre. Sauf que moi, j’en suis le compagnon et que je n’aurais pas fait l’erreur ! Peut-être l’avez-vous croisée à l’intérieur de l’établissement ?

— Je suis désolée. Je n’ai vu personne pouvant me ressembler.

Le chauffeur ayant ouvert la portière, la jeune femme prit place sur la banquette arrière. Une minute plus tard, le véhicule quittait le parking laissant Landowski dans une perplexité sans nom. Il se retrouvait seul avec la sensation désagréable d’un abandon en rase campagne.

Il pénétra à l’intérieur de l’établissement en suivant un passage couvert. Plus loin après la suite de fenêtres, une porte était ouverte. Il jeta un œil. Sur la gauche de la pièce, il y avait un étrange appareil en zinc ressemblant à une locomotive à vapeur.

— C’est pour faire suer les mauvaises choses qu’on a dans le corps ! dit le bonhomme musclé en blouse blanche.

C’était Robin le masseur.

— Avez-vous vu madame Lorraine Bouchet ? demanda Landowski réellement inquiet.

— Non, c’est une autre personne qui avait rendez-vous. Un deuxième taxi est arrivé juste après mais je n’ai pas regardé parce que je devais surveiller la machine. La surpression pourrait conduire au drame !

— Elle n’est pas venue vous voir pour une douleur au tendon d’Achille ?

— Non pas cette fois. Je suppose qu’elle va mieux.

— Parce qu’elle est déjà venue ici ?

— Oui, l’autre jour. Je l’ai massée pendant une dizaine de minutes et j’ai préconisé des plantes qu’elle a emportées avec elle en repartant.

Landowski soupira. Lorraine avait déjà les plantes en sa possession. Elle lui avait donc menti.

— L’autre personne était là aussi ?

— Elles sont arrivées ensemble.

Pour quelqu’un qui n’avait rien remarqué…

Landowski était perplexe. Puisqu’il venait d’aboutir dans un cul-de-sac, il rentra à l’hôtel mais il ne passa pas l’entrée. Il se rendit au parking où se regroupaient les taxis attendant d’être sollicités pour une course. Le chauffeur qu’il avait rencontré devant l’hôpital, vint vers lui.

— J’ai parlé avec les autres chauffeurs…

— Vous avez du nouveau ?

— La dame que j’ai prise en charge tout à l’heure, a voulu que je l’arrête au village.

— Elle ne rentrait pas à l’hôtel ?

— Cette dame loge dans une pension au bout de la plage.

— Et alors ?

— La jolie personne qui était avec vous, s’est rendue à cet endroit en arrivant par la plage de bonne heure ce matin. C’est mon beau-frère qui l’a vue.

— Elle était en maillot de bain et paréo ?

Landowski voulait vérifier l’information.

— Oui, c’est ça. Une belle femme que vous avez là !

— Les Mauriciennes sont aussi jolies !

— Ce n’est pas la même chose. Les vôtres, elles ont la peau comme du lait et les yeux si clairs !

— Et alors ma femme ?

— Elle a parlé avec la personne que vous avez vue à l’hôpital. Celle que j’ai ramenée dans mon taxi.

— Dites-moi où c’est exactement.

— Le premier hôtel après le virage. Villa Plaisir, ça s’appelle. Rapport qualité-prix, c’est une excellente adresse. Si vous voulez, je vous y emmène. Vous verrez par vous-même !

Landowski suivit le chauffeur et, il se retrouva très vite transporté devant l’établissement en question.

Il se rendit aussitôt au comptoir.

— Vous êtes le commissaire Landowski de la Police française ? lui demanda la personne assise derrière le comptoir.

— C’est bien moi oui.

— Votre dame était là ce matin. Nous avons un salon de beauté. Les clientes de passage sont acceptées.

— Un salon de beauté ? demanda le policier incrédule.

— Pas vraiment. Ce sont des professionnelles de l’extérieur qui utilisent le local. Nous fournissons le matériel. Probablement que votre dame avait envie de se faire belle pour fêter votre départ. Nous sommes là pour satisfaire toutes les demandes ! On travaille surtout pour les mariages qui sont célébrés dans les hôtels !

— L’avez-vous vue parler à quelqu’un ?

— Oui, à madame Desarte. C’est elle qui lui avait conseillé notre établissement. Ici on l’appelle Marine, c’est plus gentil. Elle est déjà venue plusieurs fois. Elle vient de passer une semaine chez nous.

— Seule ?

— Non. Son petit garçon était avec elle. Il s’appelle Tom. Il est beau et gentil. Ils sont partis en début de matinée.

— Pour où ?

— Leur séjour étant terminé, ils rentraient en France !

Landowski ressentit comme un coup de poing dans la poitrine. Il avait la certitude que dans la rencontre des deux femmes, il y avait quelque chose d’anormal et un chaînon manquant. Il redoutait déjà d’en faire les frais.

— Il y a un mot pour vous !

— Pour moi ? s’étonna Landowski.

— Avant d’accompagner Marine et Tom, votre dame a laissé une enveloppe à votre nom. Elle était certaine que vous alliez passer nous voir !

Lorraine cherchait simplement à le devancer de quelques longueurs. La gérante lui tendit le pli. Landowski en sortit une carte de visite anonyme.

Il lut :

— « Ne t’inquiète pas, mon chéri. Je t’aime ! »

C’était signé Lorraine avec le « o » transformé en cœur comme elle avait l’habitude d’agrémenter son prénom. La preuve était là mais la jeune femme brillait par son absence.

Le grand flic sentit une boule se former dans la gorge. L’affaire se compliquait dangereusement. Des nuages noirs s’insinuaient dans le paysage. Le malheur pointait son nez.

Pour une fois, la sérénité n’était pas au rendez-vous. Il n’avait pas peur d’agir mais que fallait-il qu’il fasse ?

Reverrait-il sa compagne ?

Rien n’était moins sûr.

Lorraine avait disparu. Bel et bien…

* Voir Le loup gris de Scaër, même collection.

II

— Alors patron, on est en train de se la couler douce avec les vahinés à l’ombre des palmiers ? demanda Ange.